WARHOL SPIRIT de Cécile Guilbert Imprimer

une warhol spirit
« Ecrire un tombeau d’Andy Warhol ? Cette créature déjà fantomatique de son vivant qui depuis sa mort n’en finit plus d’imprégner ici-bas tout ce que nous voyons, sentons, pensons – ou plus exactement ce que nous refusons bestialement de voir, de sentir, de penser, comme si nous étions constamment soumis à une perfusion hypnotique totale ? ». Cécile Guilbert questionne tout ce qui fait Andy Warhol, de l’étymologie des mots à l’usage qu’il en a eu, des modèles artistiques aux empreintes qu’elles ont laissé sur lui, de DADA à POP, de ses jours aux nôtres. On y croise aussi tout un microcosme du chaos de l’Amérique, sous les traits des membres de La Factory, son anti-famille, sorte de « société inversée de freaks ». En tête, Nico l’icône, alter ego d’Andy Warhol, celle qui comme lui était « au même instant, à la fois là et pas là » … une alternative à la vie, un reflet dans un miroir. Objet raffiné qui vaut bien plus que toutes les hagiographies déguisées à propos de Dandy Andy, pur esprit dilué dans un corps vie mais sans que l’on puisse voir à travers. En effet, l’auteur de cet essai ne se confond pas dans la répétition mécanique des clichés, ne résumant pas l’artiste à certaines de ses œuvres vendues dans le monde en produits dérivés. Tout l’esprit pop est dans cette idée que rien n’est visible qu’en surface, mais que toute visibilité fait défaut: chaque sujet s’efface par sa propre répétition. L’acte de résistance d’Andy Warhol fut de pousser à son paroxysme la logique fragile de la société de consommation, et de la mener jusqu’à l’absurde. Un absurde nécessaire pour révéler ce qui est. (Karine F.)